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Saison 2013 Groenland
L’objectif de 2013 est la côte est du Groenland.
La côte est du Groenland se libère de sa gangue de glace 4 mois par an, rarement avant mi-juillet. Le mois le plus facile est le mois d’août, car après les jours raccourcissent très vite, et les coups de vent sont plus fréquents. Début Août nous avions 3 heures de nuit (en fait un crépuscule), mi-août en revenant sur l’Islande plus de 6 heures !
Les conditions météo changent très vite dans le Détroit du Danemark entre Islande et Groenland. Les fichiers GRIB sont bien utiles, mais moins fiables qu’aux latitudes tempérées. Les combinaisons de brouillard et de vent fort sont courantes. Au ras de la côte Groenlandaise il y a souvent du calme plat du fait d’un anticyclone bien calé sur la calotte glaciaire. Par contre, dès 30 miles au large, c'est différent. Au NW de l'Islande, même par beau temps, il se crée souvent un fort courant de NE dans le couloir entre l’anticyclone et les dépressions plus au sud ou à l’est. A l'ouest de l'Islande, ce sont les dépressions océaniques qui donnent le la.
Dès 50 miles au NW de l’Islande, on commence à croiser des icebergs, bien visibles au radar, et des growlers, visibles seulement à l’œil nu.
La cartographie est fausse (parfois de plus d’un mile !) et très incomplète (nous avons vu plusieurs écueils ou hauts fonds non signalés sur les cartes). La combinaison de l’utilisation du radar et du sonar permet de mieux gérer la situation, mais impose une veille permanente.
L’expérience acquise avec Arnaud Dhallenne en 2005, et les conseils de Thierry Fabing et Pierre Lehuby nous ont bien aidés dans la préparation.
Le choix exact de l’objectif au Groenland –Kulusuk ou Scoresby Sund- n’etait pas figé et dépendait des conditions de la glace et de la météo au dernier moment.
Quatre équipes se sont relayées pour cette croisière :
Antoine, Anne, Nicolas, Maud, Virginie, Marie-Sophie et Yves ont monté Chugach de Cherbourg à Reykjavik.
Olivier, Nat, Viviane, Sandrine et Quentin sont allés dans le Scoresby Sund en aller-retour depuis Reykjavik.
Claude, Martine, Cristina, François, Christine et Bruno ont descendu le bateau de Reykjavik à Inverness.
Et Olivier, Nat, Viviane et Hubert ont ramené le bateau à Cherbourg.
Passation d’équipage le 30 juillet à Reykjavik. Avec Sandrine nous sommes arrivés en avance pour préparer le bateau. Les conditions de montée ont été clémentes et il y a finalement peu de choses à faire, hormis le plein de fuel et un gros avitaillement. Nous en profitons en attendant les 4 autres équipiers pour faire un peu de tourisme, et surveiller la météo et les cartes des glaces.
Le 2 août tout le monde est là, et les cartes des glaces indiquent que l’objectif nord (Scoresby Sund) est plus facile que l’objectif sud (Kulusuk). Un bon vent de NE dans les jours précédents a envoyé la glace dérivante au sud. Une fenètre météo de 4 jours semble se présenter avant le retour de forts vents de NE dans le Détroit du Danemark au NW de l’Islande.
Départ de Reykjavik le 3 août en milieu de journée. La météo annonce 25 noeuds de NNE, en fait nous nous retrouvons sous 3 ris et trinquette arisée, avec même le soir des rafales de plus de 45 noeuds sous le volcan enneigé Snofelljokul
Le lendemain midi le vent mollit, nous sommes au près, cap au NW tribord amure.
En se rapprochant de la côte de Blosseville le vent tombe. Nous finissons au moteur le long de la côte au milieu des icebergs et growlers, contre un petit courant de N.
Il fait frais, vin chaud et tartines au pâté
3 jours après notre départ de Reykjavik, nous entrons dans le Scoresby Sund, et le village d’Ittorqqoortormiit est en vue.
500 personnes environ, c'est l'établissement civil le plus nord de la côte E du Groenland qui ne compte pas plus de 4000 habitants au total.
Mouillage devant le village dans 5 m d’eau, prise de contact avec les locaux, et en particulier Jennyfer de Nanu Travel qui nous explique les usages locaux, les précautions à prendre contre les ours –personne ne quitte le village sans arme-, et nous fournit en steaks de bœuf musqué.
Population de chasseurs-pêcheurs, avec ces dernières années un peu de tourisme grace à une liaison aérienne avec l'Islande.
Deux grands anciens ont chacun leur plaque commémorative
En cette saison, traineaux et chiens sont désoeuvrés
Au mouillage le soir.
Arrivée d'Opal, LE bateau de charter islandais qui récupère ses clients une fois par semaine à l'aéroport local.
Le lendemain il y a trop de vent pour faire le plein de fuel, et nous partons vers le fond du fjord à l'ouest. La cote S du fjord est magifique avec ses glaciers orientés N qui tombent dans la mer.
Le fjord est gigantesque (le plus grand fjord du monde) et notre plus petite étape journalière a été de 60 miles. Merci Volvo, car avec l'anticyclone sur la calotte glacière, le vent est souvent faible. Ce fjord mériterait une visite d'au moins 2 semaines.
Bœuf musqué en rasant la côte.
Steaks frites (de boeuf musqué)
Première halte 60 miles plus loin, Viking Havn. De loin la baie semble encombrée par les icebergs et growlers.
En fait ça passe en zigzagant, les plus gros « glaçons » sont échoués et nous protègent à l’intérieur de la baie.
L'heure de l'apéro
Crépuscule et vaisselle Baschung (tradition Chugach)
Le lendemain nous nous dirigeons vers Danmark Island 30 miles à l’ouest. Passage sous de hautes falaises. Nombreux hauts fonds devant les mouillages de Danmark, merci le sonar.
Finalement nous n’y restons pas et continuons vers Charcot Havn dans l’est de l’ile Milnes.
En route temps idéal pour quelques photos mémorables depuis l’annexe.
Galerie de glaçons
Charcot Havn
Le lendemain, direction Bear Islands.
Sommets magnifiques sur Renland au N de l’ile Milnes.
Pour les grimpeurs intéressés, le pain de sucre est environ à 71°10'N et 027°50'W, à 200 km au NW d'Ittoqqortoormiit. Les sommets du coin font entre 2000 et 2200m.
Pique-nique dans Jyttes Havn dans la plus NE des Bear Islands. En partant ça ventile !
Nous essayons de mouiller entre Sydkap et l'ile d'Ingmikertikajik, mais c'est trop précaire.
Finlement nous mouillons dans Nordostbugt , où nous calons le filet avec des espoirs d'omble arctique. Que des rascasses!
Le lendemain, pour rentrer à Ittoqqortoormiit , il faut traverser un mur d'icebergs. Il y en a qui rigolent.
Finalement, 110 m plus loin, Ittoqqortoormiit.
Le lendemain, plein de fuel, avec la participation des jeunes du coin.
Il faut tirer une amarre au quai, rapprocher le bateau au maximum. Le bulldozer arrive avec sa citerne de fuel et sa pompe, on tire le tuyau au bateau ...
Nous n'allons pas quitter le Scoresby sans sortir les skis.
Le lendemain, départ et changement de temps. Nous louvoyons dans la boucaille le long de la côte de Blosseville, radar et sonar utiles.
Nous finissons par mouiller dans une baie sans nom 20 m au SW du Cap Brewster. L'eau est à 1°c, il fait beaucoup plus frais que dans le Scoresby Sund.
Les prévisions météo s'annoncent plus dures dans les jours qui suivent, nous avons une fenètre pour rentrer en Islande au portant que nous décidons de saisir.
Traversée sans problème, le radar est mis à contribution pour repérerer les icebergs dans la boucaille.
Arrivée à Isafjordur, où se trouvent déjà plusieurs voiliers dont certains se préparent à passer l'hiver sur place.Ambiance très sympathique, les locaux sont particulièrement hospitaliers, et un restaurant de poisson, le Tjoruhsid, à ne pas manquer.
Sur les conseils de Dori le kayakiste, nous mouillons le surlendemain à Thingeyri.
Nous sommes pris en main à l'arrivée par Scully, qui nous emmène visiter le cimitière des français et une forge qui travaille encore à l'ancienne avec des outils qui ont près de 100 ans.
Les chutes de Dynjandi
On cale le filet, et on ramasse de petites morues et 2 lumps
Lumps qu'il faut transformer...
La chair s'avèrera impropre à la consommation (huileuse) même bien cuite et préparée en tajine. Les oeufs transformés en chips d'apéritifs (50% oeufs de lump, 50% farine) sont au contraire un franc succès.
Direction Grundarfjordur, très beau temps mais coup de vent 45 n pour le lendemain.
Le pêcheur d'islande fournit quelques lieus noirs.
Le coup de vent passé, on rentre sur Reykjavik en passant par Olafsvik.
Ligneurs
Au port à Reykjavik le 23 aout, rejoins par Libertaire qui arrive de Jan Mayen.
Changement d'équipage, Chugach doit maintenant descendre sur l'Ecosse.
On passe directement à Inverness pour la dernière étape de la saison.
Suite à une avarie survenue au niveau du Pentland Firth, le bateau a dû être sorti de l’eau le 6 septembre pour une réparation provisoire. Il retourne à l'eau le 16 septembre.
Nous avons perdu du temps, le temps a changé et la météo des jours qui viennent n’est pas favorable à un passage par le Canal Calédonien. Un anticyclone sur les Iles Britanniques et une dépression coincée sur proche Atlantique génère un flux de S-SW assez fort en Ecosse et en Mer d’Irlande, et un flux de N modéré en Mer du Nord. Nous rentrons donc par la Mer du Nord.
Portant et phoques joueurs
Première escale à Sunderland. Nous sommes trop gros pour la petite marina, et refoulés des quais commerciaux.
C’est en rade que nous réparons le joint du tube de jaumière bâbord.
Traversée de nuit des champs de gaz et de pétrole aux noms poétiques d’Amethyst, Lancelot, Guinevere et Excalibur.
C’est aussi l’entrée de l’estuaire de la Humber, et entre le shipping et le pétrole, il y a du monde et ça travaille dur.
Escale suivante à Lowestoft à l’entrée N de la baie de la Tamise, l’occasion d’inviter mon vieux complice Chris à manger un confit de canard (comme chez Richard pour les connaisseurs) et une tarte maison.
Harwich le 22 septembre, avec sa collection de bateaux phares et de grues. Contraste entre la remontée de la rivière Stour, belle et sauvage, et les grues du port de Felixstowe.
Pas de Calais et falaises de Ramsgate et Douvres.
Arrivée dans le Solent dans le brouillard, remontée de la Medina et escale à Cowes.
Puis remontée de la Beaulieu River, de la Hamble et mouillage dans la Newton River.
Entrée et sortie de la Newton River. Etroit mais profond dans l’étroiture.
Traversée avec un bon vent d’est vers Cherbourg où Chugach arrive le 26 septembre au soir après 3 mois d'absence.